La Veuve Rusee
Une jeune veuve est courtisée par quatre prétendants : un Anglais, un Français, un Espagnol et un Italien ! L Europe, au travers des comportements amoureux, est au c ur de l intrigue rythmée de Goldoni. Il s amuse des archétypes nationaux et nous offre, avec le portrait d une Rosaura indépendante, l une de ses première « comédies de caractère ».
L'argument de la Vedova scaltra (1748) ressemble à une histoire drôle, à une farce européenne. C est le charme premier de ce tourbillon dans lequel nous entraîne Goldoni trois actes durant : au premier les quatre séducteurs Anglais, Français, Espagnol et Italien, rendent visite à leur dulcinée ; au second ils lui offrent des cadeaux par l intermédiaire de leurs valet ; au troisième enfin elle leur tend à chacun un piège pour connaître la sincérité de leur sentiment. Deux siècles et demi plus tard, ces portraits internationaux de la nature humaine nous font rire à la mesure d une description qui semble toujours aussi pertinente.
Face à eux, Rosaura est une femme soucieuse de gérer elle-même sa vie sociale et ses abandons amoureux, libre et prête à veiller jalousement sur cette liberté; mais prête aussi à céder si c est elle qui fixe les règles, sans rien lâcher sur l honnêteté de son caractère. Une fois encore Goldoni, féministe de la première heure, épouse avec affection les aspirations de celles qu il n a cessé de peindre dans son théâtre : existe-il une seule comédienne qui n aime pas Goldoni !
Pièce des débuts de sa réforme théâtrale, la Veuve rusée mélange aussi les genres. Et parce que les scènes sont courtes comme un canevas, le rythme communicatif et les personnages aussi limpides que l action, la voie est ouverte à la fantaisie comique et poétique. Celle des tréteaux vénitiens !