La royale maison de Savoie T2 - Léone-Léona
Voilà donc Emmanuel-Philibert en position de pouvoir jouer dans la cour des grands. Il l'a fait de manière magistrale. Voici quelques faits avérés, garants du rôle important que lui reconnaît l'histoire. Les 2 et 3 avril 1559, il paraphe le traité de Cateau-Cambrésis, point final des guerres d'Italie. le 9 juillet de la même année, il convole en justes noces avec Marguerite de France, soeur du roi Henri II. Il ne lui fallut guère qu'un lustre, après avoir succédé au malheureux duc Charles III presque dépouillé de ses Etats par les grandes puissances française et allemande, pour faire émerger la Maison de Savoie des profondeurs de l'abîme. de surcroît, voilà que les talents militaires du jeune prince, au service de Charles Quint - qui lui doit la victoire de Saint-Quentin (1558) - gravée à jamais dans la mémoire des plus jeunes écoliers - révèlent une stature de stratège émérite. L'empereur le récompense : il lui facilite la reconquête de son duché. Un bonheur ne venant jamais seul, le jeune duc consolide et succès militaire par son mariage. Un destin, je vous dis. Mais pas un roman. Souvenons-nous en effet du contexte tragique de ces noces : Henri II, mortellement blessé en participant au tournoi festif des Tournelles. Voilà la fête gâchée. Pas pour tout le monde : le drame, en effet, enflamme l'imagination d'Alexandre du mas. En expert littéraire soucieux de captiver ses lecteurs, notre romancier ne manque pas de mettre en relief les épisodes dramatiques d'un règne dont les pages glorieuses ont leur revers d'autant plus fâcheux et plus mémorable que le malheur des grands de ce monde pèse lourdement sur l'avenir des peuples. le romancier nous fait donc partager l'ambiance de profonde tristesse dans laquelle se déroulèrent les cérémonies du mariage, célébré sans joyeux carillon au pied du lit où Henri II agonisant attendit que les deux promis aient échangé bagues et consentement pour s'abandonner, lui, dans les bras de la mort. L'on comprend sans peine (?) que Dumas n'ait pas eu besoin de forcer son talent pour revivre ces événements dramatiques. La réalité ne semble-t-elle pas, ici, dépasser toute fictionromanesque ?