Crimes célèbres (Dumas) T2 - Crimes célèbres
Les Crimes célèbres (1839-1840), que d'aucuns considèrent comme les Mille et Une Nuits de Dumas, n'avaient jamais été réédités dans leur intégralité depuis le milieu du XIXe siècle: dix-huit récits (ici regroupés en trois volumes couvrant près de deux mille pages), où l'Histoire se décline sur tous les registres de l'aventure et de la passion. Cet oubli d'une oeuvre majeure était de fait un crime de plus... ici réparé avec éclat: Marie-France Bougie-Helleux, conservateur à la Bibliothèque nationale de France, a découvert que pour ce recueil qui sert en quelque sorte d' « ouverture » aux grands romans de la maturité, Dumas, contrairement à ce qu'il fera plus tard, avait procédé seul à l'énorme travail de recherche et de documentation commandé par son texte. Au cours du présent volume, l'auteur des Trois mousquetaires nous entraîne dans le sillage de Joachim Murat, le sabreur magnifique; dans les coulisses de la cour des Borgia, ces virtuoses de l'intrigue... et du poison; derrière les murs du couvent de Loudun où le pathétique Urbain Grandier (1634) n'aura pas affaire qu'au diable; dans la Russie de 1800, où l'on meurt encore « de honte et de douleur » ; au plus noir des crimes politiques qui auront ensanglanté le Midi, des Camisards à la Terreur blanche; au chevet enfin de la comtesse de Saint-Géran (1659), quand l'esprit de famille se fait complice du pire... Et toujours nous guide ce leitmotiv étrangement libertaire qui court comme un fil rouge à travers presque tous ces récits : que les plus grands crimes sont rarement le fait des seuls individus, qu'ils sont surtout l’œuvre des sociétés, quasi toutes fondées sur l'inégalité, l'oppression, l'injustice légalisée... Sentiment d'un fin connaisseur de Dumas, Raymond Dumay, qui préfaça en 1961 une réédition hélas partielle - de ce maître-livre : « Du meilleur Dumas, peut-être le meilleur si l'on s'en tient au point de vue strictement littéraire... Un Dumas tel que nous ne l'avons jamais lu. Il laisse parler les faits. Il ne tire pas à la ligne, mais au but, et fait mouche à tout coup.