Musique secrète
J'évoque quelques-unes des œuvres sans lesquelles je ne serais pas tout à fait ce que je suis, la musique comptant autant que le sang, la terre, la religion ou la langue dans ce qui détermine un être. J'avais sept ou huit ans, et déjà la musique était tout sauf un divertissement ; les larmes que me tirait l'andante du Concerto pour clarinette de Mozart, la profonde songerie où me poussaient la Septième de Schubert et L'oiseau de feu, et bientôt Le sacre du printemps, la Messe en si de Bach, La Création de Haydn, tout cela me révélait autre chose que ma condition d'enfant, me signifiait que j'étais appelé à mourir dans le chant et à y renaître, inlassablement. R. M.