La Voix d'alto
Entre l'éclipse d'août 1999 et les mois qui ont suivi les tempêtes de la fin du siècle, un homme et une femme vivent les derniers temps de leur histoire. La femme s'appelle Nicole. Elle est médecin, vient du Québec, quoique ses origines soient irlandaises. L'homme s'appelle Philippe. Il est altiste, né dans le Limousin, de parents qui n'attendaient pas un nouvel enfant. Ce qui les rapproche l'un et l'autre, c'est sans doute le goût du silence, même si leur relation – amoureuse ? sexuelle ? – repose sur un échange de paroles. L'un et l'autre se racontent en effet, mais c'est toujours par voix détournée : la langue de la musique ou celle – que l'on découvre si poétique – de la médecine. Ils voudraient parvenir à nommer l'impossible vie qui les a poussés à tenir jusque-là. Pour lui, cette ombre du frère mort. Pour elle, fille d'une mère folle, l'impossibilité à atteindre l'âge auquel sa mère a sombré. Mais Nicole se suicidera et Philippe retournera dans ses terres limousines. Un retour pour chacun d'eux vers l'enfance qui les a si mal accueillis. Une entrée, surtout, dans le monde du silence. --Isabelle Rossignol