Nexus 2 : Vacances à l'étranger
N'importe qui peut aligner des mots les uns derrière les autres. La langue, celle de tous les jours, est comme une planche à laver. Écrire, c'est autre chose. Cela ressemble à une cadence perpétuelle au bord extrême d'un gouffre. Jusqu'à ce jour, je n'avais encore jamais écrit une ligne. J'ai passé mon temps à frotter des vêtements, des vêtements sales. D'abord, je dois trouver qui je suis, d'où je viens, où je vais, pourquoi je suis ici. Il faut que je me transforme en orphelin, que je m'apprenne mapropre langue, que j'arrête de prendre des leçons de musique, et ainsi de suite. D'abord, je dois me débarrasser de tout ce bagage que j'ai accumulé... Je veux dire : de la littérature." Conçue comme une conclusion à sa trilogie de La Crucifixion en rose commencée avec Sexus (1949) et Plexus (1953), la publication de Nexus en 1960 devait, dans l'esprit de son auteur, être suivie d'un second volume. Pour une raison jamais explicitée, Miller abandonna en 1962 le projet de Nexus 2 au bas du cent douzième feuillet. Conservé par des proches, ce manuscrit refait surface aujourd'hui et fait enfin l'objet d'une publication grâce à cette traduction française. Cet inédit nous plonge dans le Montparnasse des Années folles, celui de Brassaï, Picasso, Chagall, Cocteau.... et dans une Europe insouciante et effervescente qui, pour un jeune couple pseudo-américain des plus libérés, constitue un extraordinaire champ d'expériences.