Moloch ou Ce monde de gentils
Dion Moloch dirige l'un des bureaux new-yorkais de la Compagnie du télégraphe - poste que Henry Miller occupa lui-même au début des années vingt.
Il est ainsi chargé du recrutement des télégraphistes, qu'il envoie sillonner les rues de la ville et dont il fait une grande consommation. Au gré de son humeur, il se lie d'amitié avec certains, auxquels il prête ou emprunte de l'argent, qu'il emmène avec lui dans ses déambulations à travers les quartiers de son enfance, en virée nocturne à la fête de Coney Island et jusque chez des prostituées minables des faubourgs, ou tout simplement qu'il invite à dîner à l'improviste chez sa femme, mégère qu'exaspèrent les absences et les frasques de son mari, et surtout les discussions dans la cuisine jusqu'au matin sur des sujets aussi oiseux que l'art ou le métier d'écrivain - ce qui donne lieu à d'épouvantables scènes de ménage... Moloch, c'est "l'abomination des Ammonites", cette divinité qui exigeait que lui soient sacrifiés les enfants de ceux qui l'adorent.
C'est aussi la métaphore de l'écrivain, qui se nourrit de l'existence de ceux qui l'entourent, appelés qu'ils sont à devenir les personnages de ce roman autobiographique auquel Miller commence à songer ici, et qui fera sa célébrité.