Mon amie Valentine
Hors Claudine, il n’est pas de personnage qui soit réapparu aussi longtemps dans l’œuvre de Colette que « mon amie Valentine ». Elle a accompagné l’écrivain pendant près de vingt ans. Certains des textes courts où elle apparaissait ont été insérés par Colette dans des recueils variés, un grand nombre étaient restés oubliés dans les journaux où elle les avait publiés.
Le présent volume réunit donc pour la première fois les trente textes où intervient « mon amie Valentine ».Créée par l’écrivain à un moment où celle-ci se trouvait par son divorce mise au ban de la société qui avait été la sienne, Valentine représente la « bonne moralité ». Elle permet à son interlocutrice de se défendre et de réagir aux jugements dont on l’accable.
La narratrice – Colette, bien sûr – expose ainsi sur un mode humoristique sa conception de l’amour et du mariage (« L’amour n’a rien à voir avec la vie en commun, – au contraire, il en meurt la plupart du temps »), de la nudité au théâtre dont elle est une des premières représentantes (« [Vous qui] sortez du bain, à Trouville, les pointes des seins visibles sous le maillot de soie tendu, [ne me convaincrez pas] que la peau de mes reins ou de ma hanche puisse être plus tentante et plus secrète que celle de ma main ou de mon mollet »), de la morale dont elle refuse les attendus (« Ah ! que le rôle d’accusée est plus facile !
Je m’y complais, je m’y carre, je m’enfonce au plus moelleux de mes fautes, et Valentine manque d’assurance pour venir m’en déloger »)…Mon amie Valentine constitue l’un des livres les plus toniques et les plus réjouissants qui soient nés sous la plume de la « piquante » Colette.