Jean Giono
Nous sommes obligés de porter un masque. Nous nous défendons. Tu ne vas pas parler de masque au traducteur de Machiavel et à celui qui lit Balthazar Gracian depuis quarante ans. Non, tout le monde porte un masque. Je porte un masque généralement dans la vie, à cause d'une extra-timidité. Je me montrerais à visage découvert si j'étais un génie, si j'étais prodigieusement beau, mais comme je suis l'homme le plus humble, je me
dissimule, je me cache.
Peut-être une juste connaissance de ma propre valeur. "
J'avais quatorze ans lorsque j'ai lu le premier livre de Giono : Que ma joie demeure. La première phrase restera pour moi la clef de voûte de la magie : " C'était une nuit extraordinaire. " Chaque fois que je relis cette phrase, il y a en moi la même petite secousse, celle d'un enfant émerveillé par la respiration des forêts. L'envoûtement fonctionne toujours. Je redeviens le même enfant émerveillé.
Source : La Manufacture