Canard au sang
Rocroy, barbu, chevelu, à la fois Marsyas le Satyre et Socrate le Sage, termine sa vie en se livrant à des occupations fort diverses : professer la gymnastique, parler aux statues, relire Montaigne, conter fleurette aux flacons, exprimer verbe haut sa colère, enfin courir les Jupons ou flâner dans son village de la Montagne-Sainte-Geneviève.
Un matin, il aperçoit deux bidons de lait cernés par le brouillard. Plus tard, on apprendra la mort d'une crémière alors qu'elle dormait auprès de son fils, le petit Beppo. On apprendra aussi le vol d'un tiroir-caisse et cela suffira à créer un conflit entre Rocroy et une « bande » de jeunes gens, mi-aventuriers, mi·étudiants, épris d'idéal ou rêvant à ce « canard au sang » qui, pour eux, symbolise « le Règne ».
Abondant en scènes où la truculence se mêle à l'intensité dramatique, ce roman révèle un art romanesque à la lois vigoureux et précis. Les thèmes de l'auteur d'Alain le nègre, de Boulevard se sont amplifiés. Avec force, sont exprimés le sort atroce de l'homme seul, son impuissance devant le Temps, son recours à l'enfance et à des valeurs qui affirment l'espoir.