Dans Ton corps, écrit juste après la séparation définitive d'avec cette femme qui s'était mise un jour à l'aimer moins, Richard Morgiève, narrateur non ambigu de ses textes, livre l'expression directe de sa douleur. Blason du corps de l'être aimé absent autant que fragments de discours amoureux, il promet l'identité de la littérature et du cri : la souffrance est telle que le texte semble déchiré de part en part, produit d'un corps en lambeaux. On pourrait se poser la question de la distance, mais la puissance poétique est telle qu'on relève davantage le lien de la littérature à la sincérité. Autofiction singulière, Ton corps se rapproche à l'excès du corps de l'autre pour mieux tenter de s'en éloigner, organiquement et affectivement. Il faut lire ce livre dans la continuité de Ma vie folle pour accepter cette vision rapprochée et saisir toutes les dimensions de cette voix si particulière. --Céline Darner