Deux amants se rencontrent : François-Frank Blok-Beaujeux et Solange-Svetlana Bernard-Bernhardt. A l'instant où ils se font face pour la première fois, leur vie passée se dresse autour d'eux. Et pas seulement leur petite vie terrestre et individuelle, mais aussi les mondes d'où ils viennent, leurs cauchemars et leurs espérances, tout leur "bestiaire intime", vu par leurs anges gardiens respectifs qui se présentent, ponctuels, au rendez-vous et murmurent, prévoyant l'importance de la rencontre : "Ah ! c'est donc elle qui..." - "Ah ! c'est donc lui qui...".

Les anges, Grand Michel et Petit Michel, échangent des confidences. Ils ont pour leurs protégés une grande affection, mais ils ne se font pas d'illusions : François et Solange auront besoin de beaucoup de compréhension pou être reconnus purs au creuset de l'amour.

Aperçues à travers les yeux tour à tour horrifiés et compatissants des deux extra-terrestres qui ont eux-mêmes, dans des vies antérieures été mêlés à l'existence de leurs pupilles, les abominations, les faiblesses, et aussi les grandeurs et les charités des deux amants s'entremêlent. On découvre "les enfances Beaujeux" : loin d'être un bourreau de Juifs, François est issu de hobereaux alliés à la race de David; il a fait du théâtre avant d'appartenir aux services de renseignement; son métier - et il y a réussi brillamment - a été la tentation considérée comme un des beaux-arts; il a flirté avec la gnose et a rarement hésité à utiliser les hommes comme des moyens.

On fait aussi la connaissance du passé trouble de Solange Bernhardt : Boris Bernhardt a été, auprès de Staline, le maître d’œuvre de la littérature au service du régime, une espèce de grand inquisiteur à l'âme ruisselante de tendresse... Solange, qui est censée savoir tous ses secrets, doit vivre sous une fausse identité pour échapper aux espions de tout bord. D'un bout à l'autre du volume, une seule scène : celle de l'intersection dont les facettes reflètent la Création tout entière.