Attachés aux valeurs démocratiques et à l’établissement d’une paix juste entre les peuples et les États, les auteurs de ces entretiens retracent de façon claire et argumentée les grandes étapes du siècle écoulé. L’accent est mis d’abord sur l’émergence des mouvements nationaux, notamment la Renaissance arabe aux derniers jours de l’Empire ottoman, sur les origines des nationalismes arabe et libanais et du sionisme, en montrant le rôle des grandes puissances d’alors, la Grande-Bretagne et la France, dans la constitution des États du Moyen-Orient après la Première Guerre mondiale. Ce sera le régime des « mandats ». Dans un deuxième temps, sont passés en revue les mouvements de révolte à la politique européenne qui, conjugués aux conséquences de la Deuxième Guerre mondiale et aux rivalités anglo-françaises, aboutissent aux indépendances nationales des États du Moyen-Orient arabe. Grâce à leur rôle d’acteur ou de témoin, Jean Lacouture, Ghassan Tuéni et Gérard D. Khoury apportent leur contribution à la connaissance du Moyen-Orient d’après 1945 et nous livrent les portraits de nombreux acteurs de premier plan : Nasser, Ben Gourion, Chamoun, Joumblat, ou encore Assad. Ils reviennent aussi sur des événements déterminants comme la nationalisation du Canal de Suez, l’expédition de Suez, les guerres israélo-arabe et au Liban, la guerre du Golfe, etc. À travers les méandres complexes de cette région du monde où le religieux – les trois monothéismes –, le politique – la série de conflits et les impasses des régimes politiques souvent autoritaires – et l’économique – l’importance du pétrole et les effets des inégalités de développement – s’entremêlent, l’on peut assister aux dérives et aux échecs du nationalisme arabe, ouvert à la modernité, à la laïcité et à la démocratie, ainsi qu’à la radicalisation de la politique israélienne, avec en toile de fond la montée des fondamentalismes, depuis les Frères musulmans dans les années 30 jusqu’au Hamas et autres groupements d’aujourd’hui, en passant par les intégrismes israéliens. La lucidité s’impose. Un siècle s’est écoulé depuis la fin de l’Empire ottoman jusqu’à l’instauration de l’imperium américain: un siècle pour rien.