Lettres autour d'un jardin (1924-1926)
Ces vingt-deux lettres, écrites en français, furent adressées par Rilke à Mademoiselle de Bonstetten entre 1924 et 1926, avec une longue interruption qui correspond à un séjour que Rilke fit alors à Paris. Ils ne se sont encore jamais rencontrés lorsque Rilke, de la Clinique de Val-Mont,, lui écrit de nouveau et l’invite, en voisin, à lui rendre visite. Mademoiselle de Bonstetten lui ayant parlé de cours d’horticulture qu’elle a suivis, il lui demande son aide pour aménager le jardin de Muzot, qui devient le sujet bientôt des visites et des lettres, et le fil conducteur de leur correspondance.
Rilke dépeint « la petite messe matinale du printemps valaisan », lui recommande une conférence de Paul Valéry sur Baudelaire, lui offre le manuscrit d’un des Sonnets à Orphée, explique pourquoi il aime écrire en français et risque une question que ne désapprouveraient pas les écologistesu2005: « Est-ce que les jardins d’autrefois, avec leurs fleurs simples et pieuses, n’étaient pas moins menacés, avant que la chimie ne s’y était mêlée…u2005? »
Antoinette de Bonstetten m’a confié ces lettres cinquante ans après les avoir reçues de Rilke ; elle souhaitait les voir publiées à La Délirante dont elle aimait les choix et les livres. Les voici aujourd’hui, avec une des premières œuvres du jeune Balthus placée en frontispice, Paysage de Muzot, peinte à quinze ans depuis la Tour où vivait le poète.