Correspondance (1923-1926)
Berne, un bal de juillet 1923. Elle a vingt-sept ans, lui vingt de
plus; il est célébré comme l'un des plus grands écrivains
d'expression allemande, mais elle, qui ignore cette langue, ne
le connaît pas; presque tout les sépare, sauf leur commune
fragilité physique. Ce soir-là, assis l'un et l'autre à l'écart des
danseurs, Monique Saint-Hélier et Rainer Maria Rilke font
connaissance. Deux mois plus tard, ce dernier prend l'initiative
d'entamer une correspondance qui perdurera jusqu'à la mort du
poète, en décembre 1926. Au fil de leur échange épistolaire,
chaque correspondant retrouve en l'autre l'écho de ses
angoisses et de son mal de vivre. Lui-même malade, Rilke
interprète la souffrance corporelle comme l'expression d'une
élection; en donnant un sens à la dégradation physique de sa
confidente, il contribuera fortement à l'éclosion du talent d'une
romancière qui figurera parmi les personnalités littéraires en
vue des années 1930.