Les Derniers Jours de Corinthe
Les derniers jours de Corinthe termine cette trilogie «romanesque» que constitue la curieuse autobiographie d'Alain Robbe-Grillet. S'affirme ici l'impossibilité pour le «moi» de coïncider avec soi-même dans un tout rationnel et stable. Depuis l'erreur politique et l'éros pervers, c'est décidément dans l'errance que le sujet se constitue comme tel, à travers le passé en ruine comme vers le vierge futur. Ce je schizophrène va donc s'incarner aussi bien dans des instants vécus, vérifiables, que dans des fictions ressenties intérieurement comme authentiques fragments de vérité.
Ainsi le personnage d'Henri de Corinthe, de moins en moins historique et de plus en plus halluciné, peut désormais donner libre cours aux contradictions de sa problématique existence. Et les glissements d'identité s'opèrent avec un parfait «naturel»: Corinthe agitateur et trafiquant (de quoi?) sur la frontière australe du Brésil, Robbe-Grillet professeur à New York, l'un ou l'autre mourant sous la morsure d'une fiancée vampire dans une forteresse abandonnée à la pointe de Bretagne.