Le fléau
En 1908, Léautaud rencontre une «femme à bêtes», mal mariée, Anne Cayssac ; dodue, et polissonne à souhait, âgée de 45 ans ; l'âge auquel notre homme apprécie la femme. Grand plaisir des sens, libertinage, «vice», passion mutuelle, les amants sont bien assortis sur ce point.
Voilà qui aurait pu favoriser la naissance de l'amour. Hélas, Anne n'a qu'hostilité pour les travaux littéraires de Paul ; et Paul n'aime pas les côtés «petit-bourgeois» d'Anne. Elle le trouve «lâche dans son ignominie», il la trouve incapable «d'intimité morale» ; elle le traite de bandit, de voyou, de crapule, de canaille, de voleur, il l'appelle «garce malfaisante», «Fléau», «Panthère».
Léautaud a laissé ce Journal plein de criailleries, d'injures, de chagrin, de révolte, de solitude, d'expression de la jalousie ; des pages tour à tour émouvantes, comiques à force de sordide.
Le fragment inédit de l'année 1932 qu'ajoute Édith Silve marque la limite entre une liaison qui s'éteint et une autre qui commence avec Marie Dormoy.