Le Rapport Omerta 2002
Le Rapport Omerta est en passe de devenir une institution, une sorte de guide pratique des affaires étouffées. Après L'Omerta française paru en 2000 qui faisait déjà la part belle aux affaires essentiellement juridiques et politiques, Le Rapport Omerta 2002 écrit par Sophie Coignard en collaboration avec d'autres journalistes propose une rétrospective éloquente des scandales de l'année. Alors 2002 ? Ma foi, un fort bon cru. Entre le dessaisissement du juge Halphen, les malversations dans les Hauts-de-Seine, les porteurs d'enveloppe du RPR, les électeurs corses ressuscités, la relaxe de DSK, les silences de l'Église sur les affaires de pédophilie, les abattements d'impôts improbables, le graissage de patte de certains lobbies pharmaceutiques, il n'y a pas à se plaindre. Les affaires continuent et surtout "les institutions ne prennent pas le risque d'aborder de front les sujets les plus sensibles". Face à cette habitude du "petit arrangement entre amis", le Rapport Omerta 2002 veut retrouver la mission première du journalisme : informer en faisant appel à l'expertise de journalistes spécialisés ou de témoins privilégiés. Comme le dit Sophie Coignard en introduction : "Le Rapport Omerta veut jouer, chaque année, le rôle du guetteur. Relever ce que les autres ont pudiquement oublié de souligner". Preuve est faite au moins avec ce type de livre que le quatrième pouvoir est toujours bien en vie, et qu'il sait se muer, à l'occasion, en contre-pouvoir. --Denis Gombert