Irish blues
Dans les années 80, les éditions 10/18, dans sa série «Grands Détectives», ont eu la bonne idée de regrouper les nouvelles policières de William Irish sous plusieurs volumes dont le titre commençait toujours par «Irish.. ». Irish Blues fait donc partie de cette collection et renferme neuf histoires courtes toutes assez bien ficelées, avec une fin en « coup de théâtre », bien que, sans me vanter, j’avais deviné les tenants et aboutissants de quelques unes d’entre elles. Mais là n’est pas l’essentiel.
Le fait est que ce que l’on admire chez Irish, c’est cet art de la narration, de la construction dramatique, celui aussi de camper une ambiance en deux ou trois phrases. Peu d’auteurs savent le faire, je pense. Toutes les histoires de ce recueil ont des points communs entre elles et notamment celles de jeunes filles qui rêvent à une vie aventureuse, qui jouent à la risquer à leur insu. Il y a aussi cet humour noir qui consiste à piéger les malfrats dans leurs propres pièges, il y a ce petit garçon qui «raconte toujours des histoires»- Irish devait beaucoup lui ressembler – influencé par les films du cinéma, films de gangsters et qu’on ne croit pas lorsqu’il est témoin d’un vrai meurtre. Il y a ces femmes dont les anciens amants reviennent pour les faire chanter- «La boucle d’oreille» (The Earring) a ma préférence - ce gangster cerné par la police et qui s’échappe de façon on ne peut plus originale, ce trapéziste mort mystérieusement ou cet autre qui revient chez sa vieille mère aveugle après un braquage raté. On ne s’ennuie pas dans ces nouvelles ayant souvent pour décor la nuit et la grande ville avec ces quartiers chauds, ces escaliers d’incendie new-yorkais qui mènent vers l’aventure ou la mort.