Invitation à un concert officiel et autres récits
Le concert durait depuis plus d'une heure déjà et, de toute évidence, on n'avait pas prévu d'entracte. Des centaines de têtes suivaient, immobiles dans l'ombre, le spectacle qui se déroulait sur la scène. Bien que tout offrît une apparence de froideur et de rigidité, on sentait d'instinct le frisson d'inquiétude qui passait de la scène dans la salle et inversement (...) La danseuse tournoyait de plus en plus lentement près de la cigogne. La salle, hypnotisée, 'tait suspendue à ses évolutions. Soudain, à la suite d'une fausse manœuvre, la lumière rouge d'un projecteur vint balayer les loges, et on eut l'impression que du sang suintait des murs tendus de velours".
Ismaïl Kadaré