100 chansons censurées
À la fin du xixe siècle déjà, le chansonnier Pierre-Jean de Béranger a été emprisonné pour blasphème et en 1917 la chanson de Craonne envoyait directement les mutins devant le peloton d’exécution. De l’après-guerre à 1981, le comité d’écoute de la Radiodiffusion française classait les chansons en quatre niveaux : autorisées, diffusion après 22 heures, diffusion après minuit, ou interdites d’antenne. Cette magnitude de la subversion a distingué Georges Brassens, les Frères Jacques ou Léo Ferré comme ses meilleurs clients, mais rares furent les chanteurs épargnés. Notre Johnny national lui-même a été blacklisté ! À la télévision, Pierre Perret est sanctionné pour avoir interprété Les Jolies Colonies de vacances. La pudibonderie, le politiquement correct ne sont pas une exclusivité française. La BBC a interdit la diffusion des Beatles ou de Donovan, leurs textes faisant allusion à la drogue. Avec le temps, les procédures ministérielles, les gesticulations des ligues de bien-pensance prennent le relais. Un nouveau wagon d’artistes en pâtit, de Gainsbourg à Renaud en passant par les NTM. Politique, antimilitarisme, religion et sexualité constituent l’ordinaire des mises à l’index – temporaires le plus souvent, le temps que la société évolue. Mais il arrive aussi que la censure s’acharne. En 2002, les rappeurs du groupe La Rumeur en feront l’expérience : huit ans de procédure judiciaire seront nécessaires pour obtenir une disculpation définitive. Les cent chansons sélectionnées dans cet ouvrage sont autant de marqueurs de la sensibilité de la société.