Souliers d'automne
Ce livre est un instant de doute. Françoise Lefèvre vacille, oscille entre renoncement et exaspération. Renoncement à poursuivre sa lente "consigne des minutes heureuses" et autres "lueurs pâlissantes de la vie" dont elle couvre depuis vingt-cinq ans ces pages blanches qui l'effraient tant. Exaspération face aux critiques aujourd'hui muets qui autrefois savaient la défendre. Une nuit, surgit ce rêve, comme un cri : elle a commis un de ces "best-sellers" que l'on s'arrache. Au réveil, elle tente d'en retenir le sujet, mais il lui échappe. De rage, elle jure l'écrire. Puis le désabusement s'estompe comme une brume. Apparaissent la solitude, la lassitude, l'épuisement de l'écrivain, luttant "pour vivre, simplement vivre". Françoise Lefèvre a toujours écrit "loin de la dictature des meilleures ventes". La Première Habitude, son premier roman n'en reçut pas moins le Grand Prix des lectrices de Elle en 1974 et Le Petit Prince cannibale le Prix Goncourt des lycéens en 1990. Elle n'a pas cessé, depuis, de "glaner encore quelques lumières, quelques merveilles", arrachées aux ténèbres. --Laure Anciel