L'Eté américain
Nous sommes en juin 1944. Le débarquement de Normandie a eu lieu, les Alliés progressent en Bretagne, mais la France est encore loin d'être libérée. Jean, qui a quatorze ans, vit à Montargis. Parce que la ville risque tôt ou tard de se trouver dans la zone des combats et parce que ses usines sont la cible de bombardements répétés, ses parents décident de l'envoyer dans une ferme, la Frissonière, à une vingtaine de kilomètres. Les Marceau sont des amis et ils ne seront pas mécontents d'avoir un peu d'aide. Il y a deux filles à la maison : Solange, qui a dix-huit ans, et Gisèle qui en a quatorze. Ni l'une ni l'autre ne laissent Jean indifférent, mais Solange est tout de même un peu trop âgée pour lui, et de toute façon elle est fiancée à un jeune fermier voisin, Raymond. C'est donc à Gisèle que Jean fait des avances, qui sont tantôt acceptées, tantôt repoussées brutalement. Lui qui ne connaît l'amour qu'à travers la lecture du Grand Meaulnes et du Jeune Werther, se trouve bien démuni. Comment doit-on s'y prendre avec une fille qui change d'avis tous les jours et qui n'est pas très sensible à la poésie ? Le comportement de Solange le laisse tout aussi perplexe : en cinq minutes, elle tombe éperdument amoureuse d'un parachutiste américain qu'elle va rejoindre chaque nuit dans sa cachette, à l'insu de ses parents. Lui a-t-il vraiment dit qu'il allait l'emmener à New York à la fin de la guerre ? Le temps d'un été, tandis que même la Frissonière est prise dans les péripéties de la Libération, Jean fait son éducation sentimentale. Il découvre surtout que les gens ne font pas ce qu'ils disent, ne disent pas ce qu'ils font, et que les filles, dans la France paysanne, font rarement ce qu'elles veulent.