Mon livre surprise

7 pièces en un acte

Anton Tchekhov

7 pièces en un acte
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De même que Tchékhov est l'auteur de nouvelles qui sont devenues les modèles du genre, il a composé des "petites" pièces qui, étudiées par tous les élèves des conservatoires et écoles de théâtre, sont parmi les plus grandes du répertoire mondial.

Il les a écrites pour la plupart en 1888 et 1889, soit entre la première et la deuxième version d'Ivanov, au moment où il s'interrogeait avec le plus d'acuité sur le théâtre.

Exemples de finesse et de légèreté, ces courtes pièces sont souvent des transpositions de nouvelles d'une densité particulière, comme dans le cas de Sur la grand-route (1884), "étude dramatique" qui est un véritable chef-d'œuvre. http://www.actes-sud.fr/catalogue/pieces/pieces-en-un-acte

“Les méfaits du tabac”

Ivan Ivanovitch Nioukhine, homme dans la cinquantaine, qui est l’économe d'un pensionnat de jeunes filles dont sa femme est la directrice, doit faire, à sa demande, une conférence sur les méfaits du tabac dans un cercle de province. Il parle bien de la nocivité de la nicotine, mais aussi, en même temps, de son travail au pensionnat, des disputes conjugales, de la tyrannie que sa femme lui fait subir depuis trente-trois ans, des difficultés de la vie. Ainsi, sous prétexte de la nicotine, nous est un moment dévoilé tout le malheur secret du pauvre homme qui profite de ce bref instant de liberté pour s'apitoyer sur son sort. Car, quand il voit arriver sa femme dans les coulisses, il revient au sujet prescrit, mais finit abruptement la conférence, et quitte la salle dignement.

’Le chant du cygne’’

En pleine nuit, l'acteur comique Vassili Vassiliévitch Svetlovidov, cinquante-huit ans, se réveille assis sur une chaise dans sa loge, habillé à I'antique. Il est seul dans le théâtre où, ivre, il s'était laissé enfermer, et dont il ne peut sortir. La veille avait été donnée une représentation du célèbre opéra-bouffe d'Offenbach, ''La belle Hélène'', où il avait le rôle de Calchas. Puis, pour arroser l'événement, il avait, avec ses admirateurs, bu de la bière, du vin et de la vodka.

Il monte sur la scène, dans la salle vide et noire. Ayant froid et la «gueule de bois», il est amer, constate sa vieillesse, se souvient de ses trente-cinq ans de théâtre. Il entend du bruit, et voit une forme blanche se déplacer. Mort de peur, il l’interpelle : c’est Nikita Ivanytch, le vieux souffleur, qui ne sachant où demeurer passe la nuit dans une des loges. Il lui raconte la représentation, les seize rappels qu’il a eus. Comme il lui donne la réplique, en s'exclamant sans cesse : «Quel taIent !», le comédien joue des extraits de ses grands rôles (Boris Godounov, Hamlet, Othello, le roi Lear), dans des interprétations magistrales qui sont son chant du cygne. Cela l'apaise quelque peu. Mais il demande au souffleur pourquoi on l’a laissé seul dans sa loge, pourquoi personne ne l’a ramené. Nikita lui conseille de rentrer chez lui, mais Vassili lui rétorque que personne ne l’attend, ni femme, ni enfants, et s’épanche : «C’est horrible d’être seul. Qui a besoin de moi? Qui m’aime? Personne ne m’aime, Nikita !» Celui-ci le rassure : «Le public vous aime, monsieur Svetlovidov !» Pourtant, se souvient-il, alors qu’il était un jeune acteur, une femme l’avait aimé ; mais elle lui avait demandé de quitter la scène pour elle. Depuis ce jour, il hait le public. Nikita le ramène dans sa loge, et le couche.

L’ours

Alors qu'Éléna Ivanovna Popova, une jeune et jolie femme, «propriétaire terrienne avec des fossettes aux joues», a perdu son mari sept mois auparavant, et qu'éplorée et inconsolable elle ne veut plus voir personne, ayant juré de rester éternellement fidèle à la mémoire du défunt, de ne pas se remarier, de s'enfermer même dans un couvent, portant toujours son habit de deuil, Grigori Stépanovitch Smirnov, «un homme encore jeune, propriétaire terrien» voisin, ancien officier sans éducation, bourru et violent, force sa porte, venant, avec arrogance, réclamer une dette. Elle lui demande vainement un délai, lui déclare : «Je suis malade, et je n’ai rien à vous donner. Allez-vous-en !» Et elle tourne les talons, n’ayant aucunement l’intention de rembourser les dettes de son idiot de mari. «Tu es malade un an, et je ne bouge pas d'ici pendant un an !» (scène VI), rétorque «l’ours» qui accroche à la patère son manteau de loup, et s’installe, ayant l’intention de ne quitter les lieux que quand il aura obtenu son dû, étant lui-même tenu par ses propres dettes. Il fait du désordre, boit de la vodka. Le ton monte ; ils échangent les propos les plus violents. Elle lui reproche de ne pas savoir se conduire avec les femmes, et d'être bête et grossier. Il reproche aux femmes leur logique impitoyable, leur âme de crocodile : «En amour, tout ce dont une femme est capable, c'est de pleurnicher. Seules les vieilles et les guenons sont fidèles.» Elle, au contraire, se souvient des infidélités de son mari, mais se dit toujours résolue de porter le deuil jusqu'à sa mort. Il lui reproche de se mettre de la poudre. Ils décide

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