Une tête de chien
Que la venue d'un héritier au foyer des Du Chaillu n'ait pas suscité la joie dont s'accompagne en général une naissance s'explique aisément : le bébé a une tête de chien. Edmond deviendra un gentil enfant au museau d'épagneul que sa mère choie ou fuit selon son humeur et que son père considère avec une sévère tristesse; jugeant nécessaire de lutter contre ce qu'il appelle « une fatalité canine ».
Une fois passée l'épreuve de l'école et du régiment, qu'advient-il d'Edmond? Les cruautés d'une fille sans coeur lui enseignent le poids de l'argent. Fortune faite, un homme à tête d'épagneul est bien reçu partout. Mais peut-il être aimé? Edmond en vient- à le croire le jour où il rencontre Anne. La suite prouve que lutter contre certaines fatalités est aussi dangereux que de s'y abandonner et, pour avoir tâté des deux, Edmond finit (c'était fatal!) par mener une vraie vie .: chien. C'est sur cette note d'humour ambigu que s'achève ce fabliau moderne, aussi noir que du Kafka, aussi comique eue du Monnier.