Pyrrhon ou l'Apparence
Le doute sceptique, dit Brochard, " ne porte pas sur les apparences ou phénomènes (phainomena), qui sont évidents, mais uniquement sur les choses obscures ou cachées (au-délà) ".
Le sceptique distingue l'apparence et la réalité, doute de l'une, non de l'autre ni de leur différence. Le scepticisme ainsi entendu (celui de Sextuples Emiricus) n'est pas celui de Pyrrhon. La formule clé du pyrrohonisme, ou mallon, " pas plus tel que non tel ", a, en effet, une porté universelle. La différence de l'apparence et de l'être, sur laquelle repose la métaphysique ontologique (Pyrrhon vise Aristote), se trouve abolie.
De là naît une nouvelle notion de l'apparence : ni apparence -de (d'un " être "), ni apparence-pour (pour un être ", le sujet), mais apparence universelle ou absolue. " avant même la mort, la vie est apparence " (Palladas, Anthologie grecque).