Le vent des routes : Hommages à Nicolas Bouvier
Merveilleux hommage que ce "Vent des routes" qui devait, à l'origine, être remis en cadeau à Nicolas Bouvier à l'occasion d'une exposition organisée en mai 1998. Mais Nicolas Bouvier a entretemps pris le large, surprenant ses amis, franchissant ce qu'ils ont pudiquement nommé "la dernière douane".
Cet hommage en est encore plus beau, plus sensible, recueil d'émotion et d'amitié, composition de textes offerts à l'auteur par des êtres qui l'ont connu, suivi et apprécié. Des textes courts et intenses qui disent tout l'amour et l'admiration que l'on pouvait porter à Nicolas Bouvier.
Après une introduction très émue de Pierre Starobinski, Jean-Marc Lovay entame le bal en parlant, avec énormément de poésie, de l'âme des morts qui profite de la prise d'une photographie pour échapper au royaume des ombres et se fixer ailleurs, un joli clin d'oeil au départ de Nicolas Bouvier.
Jacques Lacarrière insiste sur l'importance et le rôle essentiel de "L'Usage du monde", un livre-clé.
Alexandre Voisard dépose trois poèmes sensibles avant de céder la place à Kenneth White et à une formidable déclaration d'amitié.
Michel Audétat s'émerveille devant le pouvoir de transformation des mots par Nicolas Bouvier, qui arrive à donner vie à l'eau et au vent comme peu savent le faire, cela ressemblerait presque à de la magie.
Christophe Gallaz développe son style si particulier dans sa contribution, une succession de mots ou de phrases très courtes, une belle envolée sur ce qu'est le corps, ce qu'on en fait, à quoi il sert et sa présence dans cette vie qui défile et peu à peu s'échappe.
Olivier Bauer parle de l'écriture voyageuse et des tourments de Bouvier, tandis que Bernard Comment rêve d'oiseaux et de voyages aériens.
Michel Le Bris nous offre un superbe texte sur la force de "L'Usage du monde" et sa perception si pertinente, si visionnaire de notre société, un véritable bouleversement intime.
Le poème reproduit de Maurice Chappaz, son écriture, sa pudeur... un beau moment d'émotion reproduit tel quel dans ce précieux recueil, qui contient une autre merveille, le témoignage de Bertil Galland sur les écrivains voyageurs suisses, sur cet âge d'or de la littérature errante.
Une photographie regroupant les ténors en la matière est un beau document inséré dans son texte, qui est suivi par l'au revoir de Pierre Starobinski, qui referme délicatement l'ouvrage en saluant l'ami Bouvier.
Un recueil à serrer contre soi tant il regorge d'amour, de respect et de douceur.