Le silence des pierres
Dans ce silence, ce qui retient, dès l'abord, c'est une petite musique. Une petite musique de mort. D'où vient-elle ? De la chambre d'une malade, Isabelle Etcheveyen.
Maître et âme des lieux, la haute figure de Patricia domine ce huis-clos de l'indicible. Et les autres ? Le père, Etienne Etcheveyen, émergé de ses cauchemars minables, rédige peut-être ses mémoires. La tante Mathilde noie de larmes ses pauvres rêves de midinette provinciale. Loïc n'en finit pas de quitter l'âge ingrat. Enfin, l'oncle Bernard, fardé comme une geisha, raconte son Japon imaginaire et ajoute le travesti au drame.
La vie, c'est peut-être Emmanuel. Patricia la frôlera d'assez près pour que la blessure reçue lui arrache son unique sanglot, son seul cri qu'étouffera le silence des pierres.
Mais s'il y avait quelqu'un d'autre ? Un invisible personnage à peine nommé et partout présent, à qui chacun s'adresse. C'est Lui qui retient Patricia, qui lui façonne ce caractère d'intransigeance à la limite de l'inhumanité.
Ne cherchez pas dans ces pages l'auteur de Tanguy et de La Guitare, il a choisi de ne pas se montrer. Pourtant il n'a jamais été aussi présent. Le Silence des pierres, le roman le plus éloquent, le plus personnel de Michel del Castillo.