Algérie : L'Extase et le sang
Algérie, l'extase et le sang, c'est d'abord la pièce de théâtre Une répétition, que Michel del Castille, a écrite pour évoquer la figure de Jean Sénac, poète algérien homosexuel mort assassiné en 1973.
Deux textes encadrent l'œuvre dramatique qui devrait être représentée en cette rentrée 2002 à Paris : une lettre ouverte au directeur d'un théâtre parisien, subventionné, ayant refusé de faire représenter la pièce, lettre qui dénonce avec force la censure de la pensée unique et des bons sentiments ; ainsi qu'un bref essai sur l'homosexualité et, plus largement, sur le désir, dont le moins qu'on puisse dire est qu'il ne flatte pas non plus l'air du temps.
Mort dans le plus total dénuement et dans des circonstances restées obscures, Jean Sénac continue de déranger. Son engagement aux côtés du FLN souligne l'aveuglement des pieds-noirs ; sa mise à l'écart par les autorités algériennes puis son assassinat démontrent la dérive de l'Algérie indépendante ; dans une société méditerranéenne qui prône la virilité comme valeur suprême, son homosexualité revendiquée constitue par ailleurs un insupportable défi en même temps qu'elle mène le poète à l'échec.
A travers la figure de Jean Sénac, Michel del Castillo se dévoile. Il fixe l'image de son double spirituel et s'interroge sur la dérive d'une société sans repères, privée de tout lien symbolique.