Le flagellant de Séville
D'avoir été élevé outre-monts, don Luis Almodovar y Saiz a gardé une profonde admiration pour la France et le culte des idées généreuses qui ont abouti à sa Révolution. Il doit d'ailleurs mettre une sourdine à son enthousiasme, l'heure n'étant pas au libéralisme en Espagne. Alors il vit plongé dans ses rêves et ses livres tantôt à Séville, tantôt dans son domaine de la Maremme, en gentilhomme campagnard.
Quand l'armée napoléonienne franchit les Pyrénées, Luis se réjouit à la pensée qu'elle apporte dans ses fourgons le vent de liberté qui chassera l'obscurantisme. II est stupéfait de voir que personne n'envisage la situation sous cet angle. Au contraire, chacun ne parle que de résister à l'envahisseur, de sa femme Maria Soledad à la laitière. Quant à son cousin Blas, il le soupçonne d'adopter cette attitude pour conquérir Maria.
Va-t-il lui aussi tourner le dos à ceux qui incarnent ses plus hautes espérances ? Par défi, il s'y refuse, mais c'est la jalousie et la haine qui, finalement, le jettent de leur côté et l'incitent à travailler pour eux contre Blas. Et Luis le supranationaliste commence à vivre le drame des Espagnols aux prises avec les problèmes de l'occupation, de la résistance, de l'exil, des renversements d'alliance…