Le feminin et le sacre
Dans un parcours intime et professionnel, vient un moment où l'on désire poursuivre l'essentiel, à l'abri de la solitude et sans l'étau du groupe. Il arrive aussi que l'essentiel, pour une femme, apparaisse comme ce qui se partage avec d'autres femmes
. Ainsi, à un moment précis, s'est imposée l'idée de cette réflexion. Cela ne pouvait être que nos préoccupations de toujours, lisibles dans nos trajectoires d'intellectuelles et de romancières, et que la fin prochaine du deuxième millénaire semble charger d'une actualité brûlante : le sacré.
Non pas la religion, mais cette expérience que les croyances abritent et exploitent, à la croisée de la sexualité et de la pensée, du corps et du sens, que les femmes réalisent intensément, sans pour autant s'en préoccuper. Existe-t-il ou non un sacré proprement féminin ?
Quelle place pour les femmes dans cette histoire qu' on date à partir de la naissance de Jésus ? Et le féminin dans les monothéismes - le judaïsme, le christianisme, l'islam - mais aussi le bouddhisme, le confucianisme, le taoïsme, les religions animistes d'Afrique et d'ailleurs ?
S'il est vrai que les femmes s'éveillent dans le millénaire qui vient, quel peut être le sens profond de cet éveil ? Vaste programme, aussi attirant qu'impossible à accomplir. À moins de se contenter de soulever les questions plutôt que de donner des réponses, d'esquisser les champs sans les clore dans des définitions.
Parce que nous habitions à des milliers de kilomètres l'une de l'autre, il était hors de propos de procéder autrement que par correspondance.
Un livre est né, mais un livre à deux voix, sur un thème appelant des échos singuliers auprès de chacune, de chacun. Nous aimerions qu'il soit lu avec l'esprit de confiance et de polémique qui nous a animées tout du long.