La révolution du langage poétique
Refus du code social inscrit dès la structure de la langue ; prise sur la substance folle qui en réclame la liberté : le langage poétique est ce lieu où la jouissance ne passe par le code que pour le transformer.
Il introduit donc, dans les structures linguistiques et la constitution du sujet parlant, la négativité, la rupture.
Il faut lire un tel "langage" comme pratique : avec et à travers le système de la langue, vers les risques du sujet et l'enjeu qu'il introduit dans l'ensemble social. Irruption de la pulsion toujours sémiotique : moment de la négativité, éclatement de la structure signifiante dans le rythme, mise en procès du sujet. Nouvelle disposition du sémiotique dans l'ordre symbolique : temps de la limite, de l'énonciation, de la signification. Inséparables dans leur dialectique, ces deux mouvements font du langage poétique une pratique qui nous entraîne à repenser la logique de toute pratique. Lautréamont et Mallarmé sont les noms que porte, à la fin du XIXe siècle, cette expérience bouleversant la phonétique, le lexique, la syntaxe, les relations logiques, en même temps que l'"ego transcendantal". Dans la crise de l'Etat bourgeois, du droit paternel, de la religion, un sujet et son discours, qui se maintenaient depuis deux mille ans, s'effondrent. L'avant-garde du XXe siècle opère, en l'approfondissant, depuis cette révolution.