Le camp Domineau
L'atmosphère est celle de la douceur coloniale qui voyait djellabas et uniformes français se mêler en paix dans l'avenue Jules-Ferry à Tunis comme aux terrasses des cafés de Tataouine parfumés de l'odeur des tomates cuites au charbon de bois.
Le décor est celui du désert où, dès l'aube, la nature livre la guerre à l'homme ; ou celui des villes bleutées comme sortie du crayon de Gustave Doré. Dans cette atmosphère et dans ce décor, Mar Orlan a situé, là où on ne l'attendait pas, la préparation artisanale et paisible d'un drame international. Un roman d'espionnage en avance d'une génération. Guidés par l'ombre d'un cafetier de Strasbourg, un caporal, un ancien gendarme, un cafetier de Gabès et un vendeur de poste de T.S.F.
préparent honnêtement et sans haine - ils ignorent d'ailleurs qui est leur employeur - une guerre un peu trop proche à leur goût. Elle éclatera deux ans après la parution du Camp Domineau.