Le Crime de John Faith
Située près d'un lac, Pomo était jadis une bourgade californienne très fréquentée par les touristes. Mais les temps ont changé. C'est pourquoi l'arrivée de John Faith, au volant de sa vieille Porsche, ne passe pas inaperçue. Grand et laid, le visage couvert de cicatrices, il est vite pris en grippe par la plupart des habitants. Harry, le patron du motel, en profite pour majorer le prix de sa chambre ; George, l'employé de banque, l'imagine en train de commettre un hold-up, ce qui arrangerait bien ses affaires car lui-même a puisé dans la caisse ; Richard, le chef de la police, le fait déguerpir d'un stationnement non autorisé pour affirmer son pouvoir. Malgré cette hostilité, John Faith reste la discrétion même : il décline les avances de Storm, une jeune veuve insatiable, et continue d'errer sans but apparent dans Pomo. Mais le drame se noue. Il y a d'abord Audrey, l'institutrice indienne, agressée par un individu masqué qu'elle réussit à mettre en fuite, puis le lendemain, Storm est assassinée. John Faith, qui sortait de chez elle, est arrêté par le chef de la police, mais il réussit à s'enfuir. Auteur de la célèbre série du "détective sans nom", Pronzini utilise ici un thème classique : l'étranger dans la ville. Celui-ci agit comme le catalyseur de tous les préjugés et met en lumière la part d'ombre de chaque protagoniste. Dans ce récit âpre et dur, raconté à plusieurs voix, le romancier a su trouver en permanence le ton juste. --Claude Mesplède