La fin du monde, voilà le salut
Comme l’écrit Didier Raymond, spécialiste du philosophe allemand, dans la préface de ces Entretiens, « Schopenhauer affirme à de nombreuses reprises, notamment dans ses aphorismes sur la sagesse dans la vie, que l’œuvre est inséparable de son sujet ». Pour lui, comme pour Nietzsche, qu’il influencera, une œuvre est toujours par nature biographique. C’est pourquoi ces entretiens sont si importants, ils permettent d’appréhender l’homme Schopenhauer dans sa réalité.Il est rare qu’un aussi grand penseur se prête à de tels dialogues. La forme de l’entretien est un genre auquel Schopenhauer s’est adonné volontiers au cours de l’année 1858, deux ans avant sa mort, avec des personnes de tous horizons (enseignant, journaliste, politique, disciple…), alors qu’il est célébré dans toute l’Europe. Ainsi accède-t-on à la véritable personnalité du philosophe, à certains aspects de son caractère, insolites et étranges parfois.Sa misogynie, son pessimisme, son mépris de la science et de l’histoire se donnent libre cours dans des conversations à bâtons rompus et sans filtre. Elles permettent de découvrir un Schopenhauer enjoué et volontiers sarcastique que le sombre auteur du Monde comme volonté et comme représentation ne laissait pas pressentir.