Esthétique et métaphysique
Revenons maintenant à la notion capitale de toute ma philosophie, à savoir que ce qui représente et maintient le phénomène du monde, c'est la volonté, qui vit et aspire également dans chaque individu, et rappelons également la ressemblance si généralement reconnue de la vie avec le rêve. Alors [...] nous pouvons admettre d'une façon très générale que, de même que chacun est le directeur du théâtre secret de ses rêves, cette destinée, qui règle notre véritable existence, émane finalement, de quelque façon, de cette volonté qui est la nôtre, mais qui, apparaissant cependant comme destinée, opérerait d'une région située bien au-delà de notre conscience individuelle représentative."Schopenhauer.Les trois essais de Schopenhauer (1788-1860) regroupés sous le titre Esthétique et métaphysique provienne de son vaste ouvrage Parerga et paralipomena (1851), dont Ethique et politique (Le Livre de Poche n° 4642) est également issu. Développant les conséquences de son hypothèse fondamentale de la Volonté comme chose en soi et désir aveugle à l'oeuvre dans le monde, Schopenhauer propose dans le premier essai ("Spéculation transcendante sur l'apparente préméditation qui règne dans la destinée et la Providence, et théorie ensuite ("Pensées se référant sous tout rapport d'une manière générale à l'intellect") les questions de l'intuition et du génie ; poursuivant la médiation sur notre rapport au temps et à l'éternité, le volume s'achève par un pénétrant traité d'esthétique centré sur l'idée de contemplation ("Esthétique et métaphysique du beau").