La diva et le Kriegspiel
A la Libération de la France, une célèbre cantatrice est arrêtée interrogée par des maquisards. Elle refuse de parler, les résistants reconstituent à sa place son histoire, son parcours. Au lendemain de la première mondiale, Camille, jeune fille issue d'un milieu modeste suit des cours de musique chez une ancienne cantatrice. Elle rencontre chez des employeurs de sa mère, un homme d'affaire le Baron Zulfitar qui la surprend en train de chanter. Le baron décide de la prendre sous sa protection. Il va lui permettre d'abord de suivre les cours du conservatoire et ensuite l'aider à lancer sa carrière. Plongé dans son univers musical, Camille est totalement étrangère aux crises qui secouent la France et l'Europe, à la montée des périls, à l'arrivée de la seconde guerre mondiale. Elle assiste sans comprendre à la transformation de son père. L'ancien combattant, le coiffeur réduit au chômage est devenu un militant d'extrême droite, xénophobe, hostile à la République. Quand la défaite de la France se produit elle suit sans se poser de question celui qu'elle aime, Julien d'Artignac. Celui-ci est un brillant polytechnicien, pétainiste, collaborateur grand admirateur de l'Europe Nouvelle. Camille côtoie les plus hautes autorités allemandes et chante pour eux sans état d'âme, pour l'amour de l' art.
A travers l'histoire de Camille, la Diva, se pose la délicate question des rapports de l'Art et de la Politique. Pour Camille, l'art et la musique n'ont rien à voir avec le "jeu de la guerre". Cette attitude est largement discutable, l'artiste est un être humain qui ne peut ignorer "le jeu de la guerre", car il y participe qu'il le veuille ou non. Chanter, jouer devant Hitler et les tortionnaires nazis sous le regard des caméras, n'était pas un acte neutre. Les nazis s'en servaient pour leur propagande. L' histoire passionnante et dérangeante de Pierre Christin est servie par les dessins de Annie Goetzinger qui recréent parfaitement l'ambiance de l'époque.