La dévastation et l'attente
La dévastation et l'attente fait partie d'un ensemble de trois dialogues composés par Heidegger au cours du printemps 1945 et édités en 1995 sous le titre général de : Entretiens sur le chemin de campagne. Au moment où se dénoue le second conflit mondial, alors même que «toutes les puissances de l'Enfer, échappées de nous-mêmes qui plus est, sont en train de se déchaîner», comme il l'écrit alors à son épouse, Heidegger médite le mot de Grillparzer sur les Temps modernes : À partir de l'humanité, en passant par la nationalité, jusqu'à la bestialité, et entre pour quelque temps «dans un extraordinaire élan» sur la lancée duquel lui vient tout à coup l'inspiration pour plusieurs dialogues. «Le dire de la poésie et celui de la pensée ont atteint ainsi une unité originelle, et tout se met à couler de source, librement», déclare Heidegger lui-même au sujet de ces textes où il parvient à une eÎptionnelle limpidité et découvre un nouveau visage de la pensée : le dialogue ou l'entretien comme manière dont l'être même se recueille dans la parole. C'est dans ce recueillement, et à la lumière de la vocation humaine d'être, que sont abordés les thèmes de la dévastation, du salutaire, du mal, de l'urgence de l'inutile, dans l'horizon de l'attente.