Le même jour, dans la même salle d’hôpital, deux femmes d’un même village ont accouché d’un garçon. Six ans plus tard, on découvre qu’il y eut méprise entre les enfants. Et on les échange. Le narrateur se retrouve exilé du paradis familial. Johannes — son meilleur ami, son double — prend sa place dans la "maison verte", enfin rendu à l’affection des siens...

Ce que raconte Per Olov Enquist, c’est le drame d’un ange déchu. Son apprentissage de la douleur. Sa découverte de la compassion. Sa tendresse pour une jeune pécheresse. Et surtout, telle une illumination au cœur d’un hallucinant vortex, sa certitude que le capitaine Nemo, bienfaiteur des opprimés, consolateur des exclus, veille sur lui et le guide tandis que "Dieu lâchement reste à l’écart".

Tout homme, selon Per Olov Enquist, porte en lui le fardeau d’un "jumeau" disparu. Ainsi en est-il dans ce roman que la Suède a salué comme un événement eÎptionnel.

De fait, celui qu’on a parfois nommé "le plus bergmanien des romanciers" pourrait bien apporter ici la pierre de touche à son œuvre, en un livre déchirant, d’une bouleversante intériorité.