Roman autobiographique, L'exil de la terre occupe une place eÎptionnelle dans l'oeuvre de Pär Lagerkvist. Tentative d'approfondissement de ce que Bachelard appelait les "rêveries essentielles vers l'enfance" en même temps que le constat d'échec devant l'accès au royaume de la vie adulte, c'est le récit d'une errance dont on pressent qu'elle sera sans fin.

Anders le narrateur, connaît d'abord une petite vie bien organisée et somme toute heureuse dans la gare dont son père est le chef. La mort brutale de sa grand-mère, que l'enfant ne peut accepter, symbolise la première épreuve. Le temps de l'amour paisible et éternel se heurte aux forces de la nuit. Pour devenir un homme, faut-il savoir s'exiler de son enfance ? Et à quel prix ?

La réponse est sans doute dans la deuxième partie de L'exil de la terre, Chronique d'un amour restée inédite en Suède jusqu'en 1985. Elle est présentée ici au public français pour la première fois. Toujours autobiographique, elle raconte la douloureuse histoire du premier mariage de Pär lagerkvist, vécue dans la même angoisse et le même désarroi que ses années d'adolescence. C'est au Danemark qu'il avait rencontré Karen Sörensen avec qui il allait vivre un violent amour sans cesse entrecoupé d'orages et qui ne devait pas durer. Au nord de la Suède, dans une région qui n'est pas sans rappeler certains contes d'Andersen, deux êtres jeunes, ardents, nourris de passion, s'exaltent et se déchirent, voués chacun à un destin de solitude. C'est pour des raisons d'ordre personnel que ce très beau texte, qui date de 1925, n'avait encore jamais été publié.