Histoires maigres
A 16 ans, quand j'ai quitté l'école, je ne savais même pas qu'il existait des écrivains écossais vivants. Je croyais qu'ils étaient tous morts [...]. J'ai découvert le contraire avec Alasdair Gray : j'ai eu un vrai choc physique en le voyant un jour dans une galerie d'art, il vendait les gravures qu'il avait faites pour Lanark. J'ai dit à l'ami avec qui j'étais : "Un écrivain ! A Paris, à New York, d'accord, mais en Ecosse !" " Ce souvenir d'Alan Warner (Libération, 30 août 2007) en dit long sur l'importance de l'œuvre de Gray et du legs littéraire de cette fameuse " école de Glasgow " qui révolutionna le roman britannique. Dès les années 1970, Gray, Leonard, Owens et Kelman vont bousculer les normes linguistiques et redonner la parole, parfois violente, souvent comique, aux " dépossédés ". Plus que cela encore, ce collectif informel d'écrivains et d'artistes anti-Thatcher va réveiller l'imaginaire d'une nation en se jouant des mythes et des genres. Ces Histoires maigres, délestées de tout pathos, de toute convention par souci de justesse - de justice aussi -, sont tout à la fois un résumé esthétique et un manifeste littéraire, pour ne pas dire politique.