Fouilles

Charles Juliet

Fouilles
240 pages
Popularité
Popularité du livre : faible
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4.72
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Cet ouvrage regroupe quatre recueils de poèmes parus à différentes époques chez un autre éditeur. La majorité de ces textes disent certains instants de cette interminable aventure qu’est la quête de soi. Nés pour la plupart d’un moment d’abattement, de révolte, de haine de soi, de perdition, il arrive malgré tout qu’ils traduisent parfois de brèves secondes de plénitude et d’exultation.

Les poèmes de Fouilles, les premiers que j’ai écrits, ont dû voir le jour de 1960 à 1965 et font écho à maintes notes du Journal rédigées à la même époque. Ce titre s’est imposé tout naturellement. Il désigne ces explorations que j’effectuais dans la nuit de la substance interne. Il fallait au préalable couper les entraves, démanteler appuis et défenses, défoncer le sous-sol, et c’est pourquoi ils sont d’une tonalité assez sombre.

Le chemin s’est poursuivi et les poèmes qui composent L’œil se scrute ont continué de recueillir ce que je vivais. L’œil dont il est question est cet œil invisible à l’aide duquel on cherche à se voir, se percevoir, à identifier ce que recèle le magma intérieur. Le regard qui émane de cet œil doit faire retour sur lui-même, afin de dissoudre ce qui détermine sa vision. Une fois clarifié, l’œil ne dénature plus ce qu’il observe ou pénètre. Mais ce travail qui consiste à l’épurer est un travail sans fin, car toujours à recommencer.

La plupart de ces textes m’ont été dictés par la voix intérieure et la signification de certains m’a longtemps échappé. Ainsi n’ai-je pleinement compris ceux qui ont trait à ma mère que quelque vingt ans plus tard, après avoir mis le point final à Lambeaux.

Ce que j’écrivais et poursuivais, exigeait qu’en écrivant ces poèmes je me défie du “poétique", me tienne à une langue simple et nue, exempte de tout lyrisme et tout effet.

Les pages qui achèvent cet ouvrage ont été écrites à une époque où le sens de l’aventure dans laquelle j’étais engagé commençait à m’apparaître, où je pouvais prendre une vue d’ensemble de ce en quoi elle consistait, où j’étais enfin devenu capable de la projeter dans des mots.

Une telle aventure ne comporte aucun terme. C’est jusqu’à la mort qu’il faut cheminer. Chaque matin, tout recommence. Plus on progresse, et plus recule ce que passionnément on souhaite atteindre. Mais plus l’œil s’affûte, mieux l’être est armé pour le combat, et plus souvent lui est-il donné de connaître ces états de claire et grave abondance qui l’emplissent de gratitude à l’égard de la vie.

Au début, la lumière recherchée est lente à éclore. Pour signifier qu’elle est éloignée, qu’elle demeure longtemps prise dans la brume, qu’elle risque à tout instant de s’éteindre, j’ai donné pour titre à ces pages Une lointaine lueur. A l’instar des poèmes, elles disent la quête de soi, évoquent les doutes, peurs, fourvoiements, lâchetés, aléas, retraits, moments de désarroi et de désespoir qui la ponctuent.

Dans la première séquence, c’est le moi-je qui s’exprime. Il appartient encore au groupe de ses semblables et a du mal à s’en détacher. C’est le temps de la confusion. Du déchirement entre le besoin de rester à l’abri du nombre et le désir de vivre une aventure personnelle, de partir à la découverte de soi, de conquérir liberté et lumière.

Dans la deuxième séquence, le tu apparaît. Il indique une prise de distance de l’être par rapport à lui-même. Temps de solitude, d’épuisement, de détresse. Tout semble impossible. La ténèbre est au plus opaque et l’être s’écroule, renonce, s’abandonne. C’est l’agonie. La traversée de la mort. Une mort qui semble effective. Qui affecte tant l’âme que le corps

Dans la troisième séquence, le il intervient. Il marque la naissance d’un être nouveau qui sait désormais dans quelle direction il lui faut avancer. Une prise de conscience s’effectue. Alors qu’il acquiesce à ce qu’il est, une force lui vient. Et une tendre lueur finit par luire à l’horizon.

Livres de l'auteur : Charles Juliet