À ma fenêtre le matin
Les lignes qui composent ces carnets ont été écrites lors des cinq dernières années d'un séjour de huit ans à Salzbourg, Autriche. Ce sont là, avant toute chose, notes, perceptions, réflexions et questions, nées d'une période de sédentarité où j'ai habité mon pays, ma terre natale, où j'ai travaillé et aussi, partant, beaucoup musardé. En recopiant ces notes salzbourgeoises, ces instants et ces heures, j'ai dû supprimer les trois-quarts du texte de départ : en règle générale des citations de lecture, la plupart des rêves, de nombreuses descriptions, la majorité des points de vue (j'en ai reproduit malgré tout quelques-uns, surtout, comme on l'imagine, afin de donner au lecteur des verges pour me battre). Pour tout dire, je n'ai presque rien changé aux notes qui ont donné naissance à ce texte. Ce recueil s'est attaché exclusivement au lieu, dans toute son ampleur, ainsi qu'à ses ramifications, discrètes et moins discrètes, aux endroits où les instants sont nés pour prendre forme : à la sédentarité. Et si je devais donner une idée de ce qui constitue la singularité de ces carnets, je dirais peut-être ceci des maximes et des réflexions ? non, plutôt des reflets ; des reflets, involontaires, pour ainsi dire circonspects ; des reflets nés d'une circonspection profonde, fondamentale, et qui veulent osciller à leur tour, osciller aussi, par-delà le simple reflet, si loin que porte le souffle.