Itinéraire d'un enfant gâté de la littérature... Tel pourrait être le sous-titre de cetÉtat d'espritde Patrick Besson, entré dans les lettres avec succès quand il n'avait pas encore vingt ans. C'est là moins une autobiographie que de l'autofiction, couvrant l'existence de l'écrivain de 1974 à aujourd'hui. Un itinéraire émaillé de rencontres, d'amitiés et d'inimitiés, qui vont de Jean-Edern (c'est-à-dire Jean-Edern Hallier) à Marc-Edouard (Nabe) et d'Éric (Neuhoff) à Christian (Giudicelli), d'éditeurs en éditeurs, de beuveries en beuveries, de jeunes filles en jeunes femmes, de brefs moments amoureux en voyages de couple...D'ordinaire, quand unécrivain écrit sur lui, s'écrit, il dissimule toujours plus ou moins mal qu'il s'aime et qu'il est content de lui. Ici, contrairement à un exercice largement emprunté par d'autres auteurs, Patrick Besson donne l'impression de ne pas s'aimer. Il ne croit en rien. Ni aux autres, ni surtout en lui. Il se sait fade et cynique. Il se dit désintéressé (en dehors de chèques à encaisser), dépourvu d'ambition. Il se juge écrivain raté. L'autoportrait, avec beaucoup de drôlerie, est donc sans concession. Mais, en même temps qu'il pose le problème de la sincérité du je narrateur (et dujeu littéraire), Patrick Besson prêche peut-être le faux pour entendre le vrai !--Céline Darner