Mon livre surprise
Le Christ à la carabine
À l'origine, "Le Christ à la carabine" est un tableau peint par le peintre argentin Carlos Alonso juste après la mort de Che Guevara, et représentant le Christ armé. À l'époque, la toile fut aussitôt reproduite en affiche et devint un symbole très populaire en Amérique centrale et latine où il était affiché partout, dans les rues, les universités… et traqué par la police ; symbole du guérillero, du partisan qui, armes à la main, dans les conditions les plus difficiles, se bat contre la violence et l’illégalité, pour un monde meilleur. C'est donc aussi cette idée qui relie la dizaine de reportages qui composent ce recueil, écrits au milieu des années 1970 et décrivant tous la naissance ou l’histoire de mouvements partisans ou révolutionnaires en trois points « chauds » du globe: Moyen-Orient, Amérique du Sud et Afrique.
Chaque fois le reporter se met dans les pas d'un individu, s'attache à un destin particulier pour dresser ensuite un tableau politique plus général. Ainsi présente-t-il le problème palestinien, à travers des hommes, des débats, sans jamais caricaturer ni simplifier. Mais ce qui frappe surtout, c'est l'engagement du journaliste, qui explique, mais dénonce aussi, s'offusque, s'insurge. Le monde qu’il peint est un enfer, un univers absurde et monstrueux qui dégouline de sang, où 69 Arabes dont 16 femmes et 20 enfants sont brûlés pour venger la mort d’une femme et de son enfant, où les États-Unis, au nom de la « défense de la démocratie », maintiennent en place des régimes sud-américains favorisant l’esclavage, la répression le crime…
Pédagogue donc, journaliste engagé, mais écrivain aussi, Kapuscinski livre ici des textes superbes, des paysages magnifiques, son regard unique sur de grands personnages, Che Guevara, Salvador Allende, et ses réflexions puissantes sur le silence et la dictature.