La Femme Dieu est une oeuvre ambitieuse (plus encore que ses précédentes), qui fait la part belle à un lyrisme rocailleux. À vrai dire, le personnage s'y prête, comme il colle à l'auteur : Jeanne, fille de marchand drapier, est une jeune fille dans les années 830 à Mayence. Elle connaît ses premières règles, qui sonnent le glas de la jeunesse insouciante. Fuyant la peste, elle est violée, trouve refuge dans un monastère. En même temps qu'elle renonce à sa féminité, elle croise l'amour dans la rencontre d'un novice, supérieur du couvent, Dom André. Les destins seront séparés, avant de se retrouver, longtemps après? Non pas une biographie, non pas un roman historique, mais plutôt une oeuvre inclassable, poétique, une histoire d'amour dans l'Histoire, habitée de chevaliers, d'étalons, de brigands et de prieurs. Yves Bichet casse et concasse sa phrase de la même manière qu'il plante ses personnages dans un décor imprégné de violence, de sexe et d'effroi. La Femme Dieu est un attachement à un portrait extirpé des temps lointains, sombres, et remis en lumière par un auteur décidément loin de l'esbroufe littéraire.