Mon livre surprise
Clopinettes
Nikita Mandryka... signes distinctifs : jamais à la même place. Jamais avec la même idée en tête. Toujours déménageant. "Tu as son adresse?" "Non, j'ai celle d'hier. Aujourd'hui, je ne sais pas où il est". Déménageant dans sa tête aussi. Lui-même ne se reconnaît pas sur ses photos. "C'est moi, là, avec les cheveux longs? ça alors ! Je portais même des lunettes..."
Hier (et dans ce volume), il pirouettait dans l'absurde, avec Gotlib, dans les colonnes de Pilote. Et puis, le blagueur est devenu rebelle. Il a inventé "L'Echo des Savanes" et permit à la bande dessinée de grandir encore. Les tabous qui, comme des bouchons de champagne, sautent. Après, il s'est pris pour Staline. Comité, Bureau central, dictature du prolétariat des dessinateurs et Joseph-Nikita lançant la consigne : "Dites ce que vous avez à dire, soyez vous-même !", mais le prolétaire de toutes les contrées (y compris celle du phylactère) est aussi méfiant que têtu.
Mandryka : "J'avais beau dire : "Je ne veux pas être à la place du maître", l'autre répondait : "J'en ai rien à foutre. Je te fais mon maître !"
Alors, Nikita Vissarionovitch se coupe les cheveux, se rase la barbe, perd ses lunettes et s'en revient à Pilote où, dans une histoire du Concombre, il raconte drôlement son expérience qui n'est pas triste. Elle paraîtra certainement un de ces jours dans cette collection.
En attendant, naturellement, Nikita a disparu. Si vous le rencontrez, dites-lui qu'on l'aime bien...