Zyte
Les huées étaient si fortes, le rire avait si bien gagné toute la salle, même les premières, que le spectacle fut interrompu sans que les comédiens, Permettez et les paysans qui figuraient dans la patrouille eÎptés, sussent pourquoi. À la fin de l'hiver précédent, un maçon nommé Lapie avait, racontait-on, trouvé un trésor en travaillant dans une vieille maison, et au lieu de le partager avec les propriétaires, il avait fait main basse dessus, si bien que de misérable qu'il avait été jusqu'à ce jour, il était devenu tout à coup riche, achetant une boutique de marchand de vin, ce qui est l'idéal des parvenus dans ces campagnes, et sa femme portant des diamants aux oreilles. Mais cette transformation ne s'était pas accomplie sans que la morale publique s'en indignât et s'en vengeât à sa manière. À chaque instant, le dimanche, on passait devant la boutique du nouveau marchand de vin, en criant : « Sauve-toi, Lapie, v'là les gendarmes. » Et c'était cette scène que l'arrivée de la patrouille donnait l'occasion de recommencer : « Sauve-toi, Lapie, v'là la garde ! » avec accompagnement de huées et de rires d'autant plus formidables que Lapie, qui s'était levé à sa place montrait le poing aux braillards en répétant : - Sont-ils bêtes ?