Salut aux coureurs d'aventure !
Aux cotés de John Meade Falkner (Moonfleet) et d'A.E.W Mason (Les Quatres plumes blanches), John Buchan (1875-1940) est l'un des tros héritiers majeurs de la lignée aventureuse isssue de Stevenson. Lui-même partagea sa vie entre la politique active (espionnage, diplomatie, haute administration), l'utopie sociale (il rêva, avec d'autres intellectuels anciens d'Oxford, d'instaurer une fédération mondiale d'États capables de faire pièce aux totalitarismes naissants)...et la littérature. Il restera surtout comme l'auteur de trois livres : Les 39 marches (dont Hitchcock tirera un film), Le collier du prêtre Jean (éd. 10/18) et Salut aux coureurs d'aventure ! (1915) - ces deux derniers ouvrages prenant place dans le sillage de l'Île au trésor, parmi ces romans écrits pour "la jeunesse" mais dont persistent à s'enchanter quelques millions d'adultes impénitents.
Nous sommes à la fin du XVII° siècle et le jeune Andrew Garvald, contraint de quitter l'Écosse (pour des raisons de famille où les querelles de religion ont leur part), se retrouve dans l'Amérique pionnière des planteurs de tabac : un monde en train de se chercher, livré à la fois à la tyrannie mercantile des Anglais, aux coups de main des corsaires de Virginie et aux raids des Indiens Cherokee. Sans entrer dans le détail de l'histoire, où les rebondissements se succèdent à bonne allure, c'est une sorte d'itinéraire initiatique que le lecteur se trouve convié à suivre. Tout le récit est en effet conduit comme un jeu crypté où le héros, à l'image de l'indien déchiffrant les signes énigmatiques offerts par le réel, apprend au fil de mille tribulations à se mettre à l'écoute de l'immense rumeur du monde - forêts, fleuves, océans...
Bref, un classique à loger dans la bibliothèque de tous ceux qui attendent que la littérature nous ouvre à d'autres espaces - et d'abord à celui de l'imaginaire en liberté.