Morale du joujou - De l'essence du rire
Morale du Joujou, De l’essence du rire (Le Joujou du Pauvre, Quelques caricaturistes français et étrangers) : « Elle ouvrit la porte d’une chambre où s’offrait un spectacle extraordinaire et vraiment féerique. Les murs ne se voyaient pas, tellement ils étaient revêtus de joujoux. […] Il y avait là un monde de jouets de toute espèce, depuis les plus chers jusqu’aux plus modestes, depuis les plus simples jusqu’aux plus compliqués. » Nostalgique, Baudelaire nous raconte comment, enfant, il fut confronté à ce choix cornélien : opter, parmi ces merveilles offertes, pour la plus belle ou, plus poliment, pour un jouet « médiocre ». De cette anecdote, Baudelaire tire une morale. Quel jouet permet le jeu ? Le jouet du pauvre permet-t-il à l’enfant de jouer autant que celui du riche ? N’est-ce pas plutôt l’imagination de l’enfant qui permet le jeu, parfois même sans jouet ? Le jouet ne serait-il que l’initiateur à la poésie de la vie, par ses couleurs et ses formes qui dépassent le terne réel ? Que l’enfant le casse, le conserve précieusement, le choie… Qu’importe…
Le rire est-il satanique ? Rire du malheur d’autrui, d’un homme qui trébuche ou qui est ridicule, n’est-ce point peu charitable ? Le sage ne rit-il qu’en tremblant comme l’écrivait Bossuet ? Mais à côté de ce comique de circonstance, relatif, n’y a-t-il pas un comique absolu, romantique ? Un comique qui s’ignore, innocent comme on peut le trouver dans le grotesque, la Comedia del Arte. Baudelaire nous invite alors à revisiter des caricaturistes français et étrangers. Virginie, fraîchement débarquée de son île ne rirait sans doute pas en regardant une caricature dont elle ne saisirait pas le sens mais ne serait-elle pas saisie devant l’un des moines de Goya ? Nous avons choisi d’illustrer cette visite pour que l’écrit puisse trouver son prolongement dans l’image qu’il évoque.